Histoire de l’AGECAR
Extraits tirés de l’article « Une histoire du militantisme à l’UQAR » de Marie-Ève Lajeunesse-Mousseau
1969-1984 : Le SEUQAR
Dès la fondation de l’UQAR en 1969, des étudiants et étudiantes s’impliquent au sein des instances décisionnelles, comme la Commission des études et le Conseil d’administration, mais y ont une capacité d’action limitée. L’UQAR choisit donc de créer, en 1973, la Commission à la Vie Étudiante, un comité qui permet à des représentants de chaque programme de participer à la vie universitaire et de mener à bien divers projets. Si la participation étudiante aux activités de l’université s’en trouve favorisée, cette instance institutionnelle ne permet pas toutefois à ses membres de faire valoir des revendications d’ordre social ou politique.
C’est pour répondre à ce besoin qu’est créée une première association étudiante à l’UQAR à l’automne 1974, en pleine mobilisation étudiante à l’échelle du Québec.
Après l’annonce d’une bonification du régime des prêts et bourses par le gouvernement provincial en 1973, les étudiants apprennent à l’automne 1974 que les changements avaient, dans la foulée, restreint l’accès à l’aide financière, faisant diminuer le nombre de bénéficiaires de 62 000 à 55 000. Le mouvement de grève initié par l’AGECR (Association générale étudiante du Cégep de Rimouski) le 18 novembre rassemble 33 cégeps la semaine suivante. Le 26 novembre, tous les étudiants de l’UQAR sont conviés à une réunion planifiée par une minorité d’entre eux mobilisés par l’enjeu des prêts et bourses et qui souhaitent joindre le mouvement de grève. Les étudiants présents prennent alors position en appui à cette démarche et revendiquent une véritable bonification du régime de prêts et bourses. Le Syndicat Étudiant de l’UQAR (SEUQAR) émerge de cette première assemblée. Le nouveau syndicat structurera dorénavant la lutte étudiante au sein de l’Université.
AGEUQAR
Le SEUQAR, avec son esprit revendicateur et combatif, se maintient après cet épisode d’effervescence militante de l’automne 1974 avant de prendre le nom d’Association générale étudiante de l’UQAR (AGEUQAR) en 1980. Cependant, ni l’un ni l’autre ne fait l’unanimité parmi les membres. Le mécontentement est surtout véhiculé par la section locale de l’Association Internationale des Étudiants en Sciences
Économiques et Commerce (AIESEC), une association dynamique qui regroupe plusieurs étudiants en administration, et qui s’oppose ouvertement au SEUQAR pour ses positions jugées trop extrémistes. Cette situation illustre le caractère non universel du discours de l’association étudiante, alors que des voix dissidentes se manifestent plus ou moins vigoureusement au sein de l’organisation au fil du temps et ce, jusqu’à aujourd’hui.
Reconnaissance
À ses début, l’association peine aussi à être reconnue par l’administration de l’UQAR, ce qui fait qu’elle ne peut percevoir de cotisations automatiques et doit son financement à des cotisations volontaires. La lutte pour la reconnaissance de l’association grugera beaucoup d’énergie jusqu’au milieu des années 1980. Malgré tout, dès la session d’hiver 1975, le SEUQAR organise différentes campagnes qui témoignent d’une volonté de dynamiser la vie étudiante et d’améliorer la condition étudiante, mais aussi de s’affirmer en tant que groupe de pression incontournable du paysage politique régional.
Le SEUQAR se lance ainsi rapidement dans un projet de garderie sur le campus pour accommoder les parents étudiants pour qui les services de garde demeurent souvent trop chers et, surtout, mal adaptés à l’horaire des cours universitaires. Il s’agit d’un projet prioritaire pour le SEUQAR dès 1976. En attendant sa concrétisation, l’association met sur pied une banque de gardiennes, afin d’accommoder un certain nombre de parents-étudiants. Il faudra 10 ans avant que l’UQAR ne donne finalement son accord à la construction d’une garderie sur le campus, laquelle ouvrira ses portes à l’été 1987. D’autres réalisations semblent aussi dignes de mention, comme la création d’une banque de livres à prix réduits pour les étudiants, ou l’obtention du remplacement des portes coupe-feu pour qu’elles soient adaptées aux fauteuils roulants.
Les premières années d’activité du SEUQAR, puis de l’AGEUQAR, permettront ainsi à l’association de se positionner comme un interlocuteur de premier plan auprès de l’institution et sur la scène régionale : elle se fait le porte-voix des revendications pour l’amélioration de la condition étudiante, et participe plus largement à un mouvement social plus vaste par ses appuis répétés aux syndicats de travailleurs.
1985 – 2000 : AGEUQAR, AEEESUQAR, et souveraineté
L’année 1985 marque un tournant pour l’AGEUQAR, alors qu’est créée l’Association des Étudiants et Étudiantes en Études Supérieures de l’UQAR (AEEESUQAR), tandis que l’AGEUQAR reste la représentante des étudiants au premier cycle. Cette même année, l’AGEUQAR obtient finalement une reconnaissance officielle de l’UQAR, qui l’autorise à percevoir les cotisations à la source, lui conférant une capacité financière accrue.
À propos de l’autrice
Marie-Ève Lajeunesse-Mousseau est candidate à la maîtrise en histoire à l’UQAR. Elle s’est investie dans le mouvement étudiant pendant plusieurs années, lors de ses études au cégep de St-Laurent, et au sein de l’Association Générale Étudiante de l’Université du Québec à Rimouski où elle a occupé les rôles de vice-présidente aux affaires académiques et de vice-présidente aux affaires externes. Aujourd’hui, les sujets de recherche qui l’intéressent sont l’histoire des femmes, des autochtones et des mouvements sociaux.
